Hommage à Alferd NAKACHE, Rencontre avec Pièrre ASSOULINE
JORDIO AU MÉMORIAL DE LA SHOAH DE DRANCY : INTERVIEW DE PIERRE ASSOULINE SUR ALFRED NAKACHE : LE NAGEUR
L’interview menée autour du livre consacré à Alfred Nakache, figure emblématique du sport et survivant de l’Holocauste, offre un éclairage poignant sur son parcours hors du commun. Entre succès sportifs, tragédies personnelles et résilience, le livre dévoile des facettes méconnues de cet athlète tout en rendant hommage à l’homme qu’il était.
Le choix du titre “Le Nageur” est abordé avec soin par l’auteur. Il a tenu à éviter des formulations comme Le nageur d’Auschwitz, un surnom que même les médias avaient repris. L’auteur a voulu honorer toute la vie de Nakache, et non la réduire à une seule période tragique. Cette vision reflète le désir de Nakache lui-même, qui détestait être défini uniquement par sa déportation.
« C’est le seul, c’est le seul athlète de très haut niveau qui a participé à deux Jeux olympiques et, entre les deux, qui a été déporté dans un camp de la mort. Il n’y en a pas d’autre », déclare Pierre Assouline, soulignant l’exceptionnalité de cet athlète.
Le journaliste Pierre Assouline, fidèle à la rigueur journalistique qu’on lui connaît, restitue les dialogues et les épisodes clés de la vie de Nakache grâce à des témoignages directs et indirects, ainsi qu’à une recherche minutieuse. Ces récits, recoupés et confirmés par plusieurs sources, ont permis à l’auteur de recréer fidèlement des moments marquants, notamment le décès de Pérez, survenu durant la marche de la mort, dans les bras de Nakache.
Pierre Assouline nous livre les éléments qui ont joué un rôle clé dans cette incroyable résilience. Sa personnalité, forgée par des valeurs humaines solides, une endurance hors norme, ainsi qu’une grande capacité à faire face à la douleur, expliquent, selon l’auteur, sa réussite à surmonter les épreuves.
L’interview fut également l’occasion pour Joradio de revenir sur un épisode controversée de la vie de Nakache à savoir sa dénonciation par Jacques Cartonnet, un événement qui a bouleversé sa vie. Bien que les preuves directes manquent, les archives des procès d’après-guerre, les témoignages et le contexte plaident en faveur de cette hypothèse. Cartonnet, jaloux de Nakache et membre de la milice, s’était enfui en Italie, où il fut condamné à mort par contumace. Cette trahison reste une plaie ouverte dans l’histoire de Nakache, accentuée par une confrontation évitée des années plus tard en Italie. L’auteur la souligne bien dans son livre, en commençant par la fameuse phrase de Nakache : « Si je le revois, je le tue. »
Questionné sur la vie de Nakache dans le camp, l’auteur explique que la natation a joué un rôle paradoxalement vital pour lui. Bien qu’il n’ait nagé que deux ou trois fois à Auschwitz, dans des conditions extrêmement dangereuses, ces moments étaient une échappatoire. Pour Nakache, cela représentait une forme de résistance psychologique et physique, un espoir de retour à une vie normale. « Pour ses compagnons, voir leur idole nager était une source de réconfort et d’espoir », précise-t-il.
Fadhila TOUILEB
Digital Média & Culture
Pour JORADIO
fadhila.touileb@dmclive.org
JORADIO A DRANCY : INTERVIEW PIERRE ASSOULINE A L’OCCASION DE LA SORTIE DE SON LIVRE : ALFRED NAKACHE : LE NAGEUR »