JORADIO REND HOMMAGE A ALICE MILLIAT : ALICE MILLIAT (1884 – 1957): L’INSOUMISE FACE AU SEXISME DANS LE SPORT
Alice Joséphine Marie Milliat est née le 5 mai 1884 à Nantes, au sein d’une famille modeste de petits commerçants. Ses grands-parents étaient aubergistes et tailleurs, tandis que ses parents, épiciers à sa naissance, évoluèrent progressivement vers d’autres professions : son père devint voyageur de commerce, et sa mère, couturière.
Avant d’atteindre la majorité, Alice fait un choix audacieux pour une femme de son époque : elle quitte la France pour s’installer à Londres. Ce déménagement, peu commun pour une jeune femme de son âge, marque une étape décisive dans sa vie. Là-bas, elle rencontre son futur mari, Joseph Milliat, découvre le sport, et s’ouvre aux idées des mouvements féministes. Elle est particulièrement inspirée par les suffragettes menées par Emmeline Pankhurst et ses filles, célèbres pour leurs actions directes et spectaculaires. Cependant, Alice privilégie des méthodes plus modérées, visant notamment la reconnaissance des femmes dans le sport
LE COMBAT D’ALICE MILLIAT: Faire participer les femmes aux Jeux olympiques.
ALICE MILLIAT : Militante de l’égalité dans le sport
À cette époque, les mouvements féministes sportifs commencent à émerger, porteurs de visions très variées. En 1911, Fémina Sport voit le jour, promouvant une émancipation limitée des femmes. Le club met l’accent sur des disciplines jugées “appropriées” pour les jeunes filles de l’époque, comme la gymnastique rythmique et les danses. Alice Milliat rejoint ce mouvement et en devient la présidente en 1915. Cependant, son ambition dépasse rapidement les cadres restreints de Fémina Sport. En 1918, elle occupe les postes de trésorière, puis de secrétaire générale de la Fédération des Sociétés Féminines Sportives de France (FSFSF), dont elle prend la présidence en 1919. Peu à peu, elle délaisse Fémina Sport pour se consacrer pleinement à cette organisation, qui obtient rapidement une reconnaissance officielle en étant classée d’utilité publique par le ministère de la Guerre.
ALICE MILLIAT : FONDATRICE DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE D’ATHLÉTISME FÉMININ
La nécessité de créer une fédération internationale d’athlétisme féminin se fait sentir lorsque les fédérations masculines tentent de s’en emparer. Alice s’oppose fermement à cette mainmise et milite pour une organisation dirigée par des femmes. Cependant, son élection à la tête de cette initiative ne fait pas l’unanimité : plusieurs hommes insistent pour qu’un homme soit nommé, prétextant qu’il en irait de la crédibilité diplomatique de l’organisation. Alice persiste et impose sa vision. En 1925, elle organise les premières Olympiades féminines, inspirées du modèle des Jeux olympiques masculins. Cet événement constitue une étape cruciale dans son combat : elle entend démontrer que les femmes méritent pleinement leur place au sein des Jeux olympiques. Malgré les nombreuses pressions, Alice Milliat reste inébranlable dans ses convictions. Elle affirme que les femmes doivent elles-mêmes diriger leurs structures sportives, déclarant avec force :
« Il est profondément anormal, à divers titres, de voir des hommes au gouvernail de groupements féminins. »
ALICE MILLIAT : FONDATRICE DES JEUX OLYMPIQUES FÉMININS – 1921
Dans toutes les organisations sportives qu’elle dirige, Alice combat avec finesse les préjugés médicaux, sociaux et moraux qui justifient l’exclusion des femmes. Parmi ces arguments, on prétend que l’effort physique imposé par le sport serait incompatible avec la physiologie féminine, nuirait aux organes reproducteurs et compromettrait la capacité à procréer. Alice réfute ces idées en défendant avec pragmatisme que le sport, loin d’être nuisible, est un vecteur d’émancipation et d’épanouissement pour les femmes.
Consciente de l’hostilité que suscitent ces nouvelles idées, elle adopte une approche utilitariste et mesurée, marquant ainsi une différence notable avec les suffragettes plus militantes. Son engagement indéfectible et sa vision lucide permettent à Alice Milliat de poser les fondations d’une reconnaissance durable des femmes dans le sport, contribuant à changer la perception de leur rôle dans la société.
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